Le Carême
Textes Bibliques
Quelqu’un m’a récemment demandé ce que je pensais du carême. De nos jours, le carême semble être de plus en plus populaire parmi certains évangéliques. Il y a beaucoup d’articles, de vidéos et de publications sur les médias sociaux, qui promeuvent ou qui s’opposent au carême, – la pratique du jeûne pendant les semaines précédant Pâques.
Certains chrétiens évangéliques apprécient le carême comme une occasion de mettre en œuvre, une discipline spirituelle qui a une longue histoire au sein des différentes ailes du christianisme (Catholiques Romaines, les Orthodoxes et de nombreux Protestants observent ce temps de réflexion).
D’autres évangéliques estiment que le carême risque de nous ramener à l’esclavage de la pénitence perpétuelle et des rituels propres au catholicisme romain, contre lesquels les réformateurs ont réagi à juste titre.
Certains affirment qu’il s’agit d’une pratique historique présentant des avantages spirituels. D’autres, cependant, affirment que les évangéliques l’ont historiquement rejetée en raison de ses excès potentiels.
Oui, de nombreux chrétiens se sont engagés dans une sorte de jeûne de carême au fil des ans, mais l’idée selon laquelle ils renouent avec les racines chrétiennes en pratiquant volontairement le carême, n’est vrai qu’en partie car pour nombre de chrétiens dans l’histoire, le carême n’était pas facultatif, il était imposé.
D’autre part, de nombreux chrétiens ont, au fil des ans, rejeté toute forme de jeûne, de carême en les qualifiant de dogmes papaux de l’Église Catholique Romaine. Mais l’idée que nous sommes dans la ligne de pensée des réformateurs protestants en rejetant le carême, n’est que la moitié de l’histoire. Vous seriez surpris d’apprendre que de nombreux puritains ont interdit Noël, Pâques et tout dimanche spécial.
Bien que le Carême ne soit pas mentionné dans la Bible, il a fait l’objet de discussions au Concile de Nicée en 325 après Jésus-Christ, car il a fourni un rythme de réflexion et de repentance pour les chrétiens à l’arrivée du printemps – une saison souvent associée à de nouveaux départs.
Personnellement, je considère le carême comme un exercice qui peut être utile ou nuisible, comme beaucoup de disciplines spirituelles.
Pour ceux qui pratiquent le carême, c’est l’occasion de créer un espace au milieu des responsabilités de la vie, pour apprécier la présence de Dieu. Pour eux, le Carême est une période de 40 jours précédant le dimanche de Pâques. Basé sur les 40 jours de Jésus dans le désert, le Carême est un outil qui peut aider à devenir plus sensible à la voix de Dieu et à son amour. Les évangéliques qui redécouvrent le Carême, croient que le but n’est pas « d’améliorer notre vie », mais de la recentrer sur ce qui compte le plus : – Celui qui nous a créés et a donné sa vie pour nous. Et l’une des façons d’y parvenir est d’avoir des habitudes spirituelles.
Je conseillerais vivement à ceux qui pratiquent le Carême, de ne pas donner l’impression que leurs frères et sœurs qui s’en abstiennent, « manquent à l’appel ». Si le carême était si important pour la croissance spirituelle, les apôtres l’auraient recommandé, comme Paul lui-même l’a précisé en Colossiens 2 :16 « Que personne donc ne vous juge au sujet du manger ou du boire, ou au sujet d’une fête, d’une nouvelle lune, ou des sabbats. » Il n’est pas déraisonnable de se souvenir de la façon dont les chrétiens ont parfois laissé ces moments échapper à tout contrôle, en les transformant en une nouvelle loi. N’oublions pas qu’il est possible d’offenser un frère plus faible, qui a trouvé que son ancien catholicisme ou toute autre tradition à laquelle il appartenait, était plus épuisant que vivifiant.
Pour ceux qui ont une aversion pour tout ce qui ressemble au Carême, en fait pour tout ce qui ressemble de près ou de loin au catholicisme romain et qui sont prêts à jeter le bébé avec l’eau du bain, ne mettez pas en doute les motivations de ceux qui ont trouvé un bénéfice spirituel, à mettre de côté une période de l’année pour réfléchir à la passion du Christ. Laisser entendre que le carême est un « truc catholique », c’est passer à côté de la riche histoire protestante de cette pratique et la rejeter pour cette raison, met ironiquement Rome au premier plan. Interdire la pratique, peut être tout aussi préjudiciable que de l’exiger.
En conclusion, Il n’y a rien de mal à jeûner. En fait, je ne pense pas que l’Église souffre d’un excès de jeûne. En revanche, je pense qu’elle souffre de trop d’autojustification, d’un sentiment d’autosuffisance. Le carême – que l’on soit pour ou contre – peut devenir une façon pharisienne de se mettre soi-même sur un piédestal.
Ce qui est plus important que les pratiques de disciplines spirituelles que nous adoptons, c’est l’attitude du cœur qui les sous-tend. S’il y a quelque chose que nous devrions abandonner en cette période de l’année, c’est bien notre sentiment de supériorité et de jugement, que ce soit à l’égard de ceux qui sont en dehors de l’église ou de ceux qui, à l’intérieur de l’église, font les choses différemment de nous.
Que vous pratiquiez le carême ou non, l’important c’est de méditer sur la croix du Christ qui nous met tous sur un pied d’égalité. Alors que nous nous préparons pour le dimanche de Pâques, explorons quelques habitudes spirituelles que nous pouvons adopter, non seulement pendant cette saison, mais aussi dans notre vie quotidienne.
Ensemble, laissons place à l’essentiel.