La croix avant la couronne
Cet évènement majeur est également raconté dans Matthieu et Luc. On peut dire que Jean, dans le prologue de son évangile en fait allusion (Jean 1 :14). L’apôtre Pierre en parle dans son deuxième épitre (2 Pierre 1 :16-21). Il ne s’agit donc pas de fables habilement conçues, comme le dirait l’incrédule. Jacques, Jean et Pierre ont été les témoins oculaires de l’apparition de Moïse, d’Élie et de la transfiguration de Jésus sur la montagne sainte de Dieu – et ils étaient déterminés à rapporter fidèlement ce qu’ils avaient vu. Pourtant, pour ceux qui n’étaient pas là, leur histoire pouvait sembler étrange.
Cet événement était destiné à nous enseigner trois leçons fondamentales à propos de Jésus : (1) Jésus est Dieu car en lui se trouve toute la plénitude de Dieu, par conséquent tout lui doit allégeance et adoration (Col 1 :12-20) ; (2) Jésus est l’accomplissement de la Loi (représenté par Moise) et les Prophètes (représentés par Elie). Autrement dit, toute l’Écriture (l’Ancien Testament) pointe vers Jésus, le Messie. C’est Lui l’Espérance des nations. C’est Lui que les prophètes attendaient avec anticipation, pour libérer le peuple de Dieu de son esclavage du péché. Et enfin ; (3) la transfiguration sert à donner aux disciples (qui deviendront plus tard les piliers de l’Église naissante à la Pentecôte) un aperçu temporaire de la gloire céleste de Jésus – ce qu’il a quitté pour venir sur terre et ce qu’il retrouva après sa mort sur la croix, sa résurrection d’entre les morts et son ascension à la droite de Dieu (Phil 2 :6-11).
Lorsque le Christ ressuscité se révèle à nous, nous sommes appelés non seulement à croire tout simplement, mais aussi à tomber sur nos genoux comme Thomas ; pour l’adorer.
Au-delà de ces quelques considérations théologiques qui devraient illuminer notre interprétation, compréhension et application de cet évènement surnaturel, je veux mettre l’accent sur l’expérience des apôtres sur la montagne. Il y a des endroits dont nous nous souviendrons toute notre vie. Certains de ceux-ci ont changé avec le temps, parfois en bien, mais pas toujours pour le mieux ; d’autres sont même disparus, alors que certains endroits sont restés intacts. Et dans la mesure où cela est vrai, Pierre, Jacques et Jean auraient certainement considéré cette expérience en montagne (probablement le Mont-Hermon – à mon avis), comme l’un de ces endroits.
Pierre nous aide beaucoup dans ce texte, surtout si, comme moi, vous avez constaté que votre vie chrétienne est une série de hauts et de bas. C’est certain que nous vivons des difficultés, d’une manière ou d’une autre. Chacun a quelque chose dont il voudrait se débarrasser. Parfois Dieu enlève nos souffrances ou il les allège, nous faisant ainsi grâce. Mais en tout temps, il nous démontre son amour et nous accorde des moments de réjouissances pour nous rappeler de ne pas lâcher. De continuer jusqu’au bout.
On dirait bien que Pierre, Jean et Jacques après un moment d’extase au sommet de la montagne, n’avaient aucunement envie de redescendre. Étaient-ils tannés des acrimonies des Pharisiens ou encore, si on suit la chronologie des évènements, Jésus avait parlé précédemment, de sa mort et sa résurrection imminente. Pierre ne voulant rien savoir de cela, prit Jésus à part pour le réprimander. Ayant vu la métamorphose sublime de Jésus sur la montagne, Pierre se serait-il dit « ça y est ! on reste ici, et on oublie cette histoire de mort et de résurrection ? » Persistait-il à trouver des moyens pour empêcher Jésus d’aller au bout de son intention ? N’oublions pas que le même Pierre avait promis de protéger Jésus. Il s’était même essayé en coupant l’oreille d’un des assaillants, lors de l’arrestation de Jésus. Peu importe, Pierre, Jean et Jacques étaient comme sur des nuages et ne voulaient plus redescendre sur terre. Mais tous devaient redescendre.
Dans le cas de Jésus il devait redescendre car la mort sur La Croix l’attendait. C’était cela sa mission primordiale. Pas de couronne sans la croix. Et pour les disciples la vie devait continuer. Comme pour Jésus et les trois apôtres avec lui, Il faut vivre notre appel jusqu’au bout peu importe ce que ça implique. Des fois on vit de bons moments et on n’a pas envie que ça se termine car pour un court instant, nous avons oublié nos soucis. Mais Jésus lui, redescendait pour aller résolument vers la Croix. Il savait ce qui l’attendait et pourtant !
Parfois l’inverse est vrai aussi. Ce n’est pas facile de monter une montagne. C’est trop dur. Pierre, Jean et Jacques sont des hommes de la mer et non des alpinistes. S’ils avaient eu le choix, ils auraient opté pour une escapade en pirogue plutôt que de gravir une montagne. Peut-être ont-ils trouvé la montée difficile, se demandant pourquoi Jésus se donnait tant de peine ? Qu’est-ce qu’il leur a dit avant de les emmener ? Allons prier au sommet ? Est-ce le seul endroit où Dieu entend la prière ? Est-ce que Pierre, Jean et Jacques se sont demandé durant la montée difficile « Pourquoi nous et pas les autres ? Considéraient-ils cette sortie sur la montagne avec Jésus comme un fardeau ou un privilège, avant l’expérience de la transfiguration ? Tant de questions que je me pose en me mettant à leur place.
Parfois Dieu nous demande quelque chose qui n’a pas de sens du tout. Nous arrive-t-il de prendre le privilège que Dieu nous accorde pour un fardeau, parce que justement nous ne connaissons pas ses plans et les choses merveilleuses qu’il a en réserve pour nous ? Rappelons-nous de l’histoire d’Israël à la sortie d’Égypte pour la Terre Promise. Mais c’est seulement au bout de l’obéissance qu’on découvre la bénédiction et là on reste ébahi, émerveillé par une vue spectaculaire, et du coup on réalise que la montée en valait la peine. Ensuite on ne veut plus redescendre. Autant on éprouvait de la difficulté à monter, autant on est triste de devoir revenir à la réalité de la vie quotidienne. Si vous avez déjà voyagé avec de petits enfants qui demandent mille et une fois quand on arrive, qui vous font regretter d’avoir pris la route, mais à l’arrivée et durant le séjour tout le monde est tellement content que les chialages en chemin sont choses du passé, vous comprenez l’idée. Bref voilà ce que je rumine en moi en réfléchissant sur cet évènement et l’expérience de Pierre, Jean et Jacques. Certainement que vous avez vos propres réflexions qui pourraient être tout aussi édifiantes, en rapport avec leur expérience.